Le Public, Grande salle, rue Braemt 64-70, 1210 Bruxelles
La forêt.
Alexandre Ostrovski Création - Comédie déraisonnable. Mise en scène : Olivier Lukomski, avec : Jo Deseure, Hélène Couvert, Paul Camus,Bénédicte Chabot, Didier de Neck, Lazare Gousseau, Brigitte Dedry, Olindo Bolzan, Thibaut Delmotte, Pierre Dherte, Bernard Graczyk, Estelle Lannoy et Ilyas Mettioui « Prenez une forêt d'une dimension, disons, raisonnable. Prenez la propriétaire de cette forêt d'un âge, avouons-le, franchement raisonnable. Prenez cette propriétaire en manque d'argent à cause de ses penchants déraisonnables pour un jeune homme pourtant à l'âge de déraison. Prenez un vendeur de bois, spécialiste de l'entourloupe et grand connaisseur des penchants humains. Prenez une gouvernante que son désir pour les hommes gouverne. Prenez deux comédiens, Veinev le comique et Padeveinev le tragique, tous deux plus pauvres que job. Prenez ces deux comédiens qui, pour passer l'hiver au chaud, se font passer pour ce qu'ils ne sont pas. Prenez une jeune fille pauvre dont certains savent très bien quoi faire et d'autres pas du tout. Prenez le fils du marchand de bois qui aime, à raison, la jeune fille pauvre... et entre coups fourrés, quiproquos, pièges et roublardise, assistez à la rencontre hautement comique et inflammable de la morale et du commerce, de l'art et de la vie concrète, du théâtre et du réel ! »
Déconcertante, « La Forêt » n’est certainement pas la pièce la plus facile à voir et à comprendre lorsqu’on n’est pas un tantinet initié au monde du théâtre… Ce qui ne l’empêche pas pour autant d’être incroyablement riche, follement peuplée et étonnante de justesse!
La Forêt est dense et touffue, fière et cachottière, sourde et inflexible… La Forêt est aussi longue (plus de deux heures) mais pourvue d’un entracte fort à propos !
Bref, vous voilà prévenu : la Forêt n’est pas le dernier Marc Lévy adapté à la scène. La Forêt, « c’est du lourd ».
La pièce met du temps à démarrer et, de ce fait, la première partie semble un petit peu longue. À l’entracte, de nombreux spectateurs semblent partagés et mitigés. Tous se demandent sans doute : « Qu’essaie-t-on diable de nous dire ? Où veulent-ils en venir ?». Mais le décor enfin mis en place, la deuxième partie gagne en fluidité et en complexité. Les événements se succèdent, s’étoffent et trouvent leur place dans cet enchevêtrement confus de situations et de personnages.
Les références culturelles et théâtrales sont brillamment éparpillées et c’est avec un plaisir certain qu’Alexandre Ostrovski prend tour à tour des airs d’Ionesco, de Tchekhov, de Feydeau ou d’autres de leurs compères. La mise en abyme et la réflexion sur le monde du spectacle à travers les deux personnages de Padeveinev et Veinev nous fait sourire et réfléchir alors que ses considérations sur les artistes et la bourgeoisie nous impressionnent de par leur pertinence et leur étonnante contemporanéité.
Enfin, le décor, à la fois simple et recherché, perturbe autant qu’il amuse et la mise en scène, brillamment orchestrée, nous sidère. Quant aux comédiens, mis à part quelques bémols de jeu et quelques choix d’acteurs moins pertinents (notamment pour la tantine et son amant dans le placard), ceux-ci sont généralement énergiques et performants avec un Veinev et des domestiques (Karp et Oulita) au sommet de leur forme !
Le Carnet du Public : 
Сайт/Site : http://www.culturetco.com/2012/03/la-foret.html
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