tr>Calèche roulant à toute allure, S'échappe un cri de douleur La violence, cette lame de fond A fait voler en éclat Les portes du convoi. S'expulse, sidéré Le passager au cœur percé.
Souffrance a sonné l'alarme Brûlant, hurlant, le cri ne tarit pas Geint, la gorge sèche, Rêche, la langue bloque, L'eau ne perle pas. La voix s'affaiblit, le son persiste Secoué à la dérive Le corps supplie de stopper la détresse,
Le convoi redouble sa cadence La machine de fer charge Écrase celui qui crie à mort, au feu.
Faucille en avant La faucheuse terrifiante Triomphante, victorieuse, Pousse dans la fange L'égaré, son morceau préféré, Ce mutilé réservé à sa gente Qu'elle piétine à tour de bras.
Dans la gadoue, elle enfonce sa tête L'empêche de reprendre sa respiration Il halète... Pour arrêter définitivement le cri, En riant, l'insulte, le décape, Bat de sa faux Son dos de tous côtés. | À sa grande joie, Lui rompt les côtes, le casse, Il suffoque, sa glotte se cale, Il crie comme un putois Tandis qu'elle s'évertue à le briser Afin que ce cri cesse d'exister, Encore un coup, À plat, il reste coi.
Avant de l'emporter dans son antre Elle le traîne au pilori, Exhiber à sa cour, Ce qu'il reste de lui Car son cri intérieur toujours vit ! Alors, elle s'applique, l'achève Happe le vivant Comme un chat sa souris Lui faisant payer sa faim de vie Qu'il cache sous son manteau déchiré. Dévoilé, nu, elle le broiera Au son du hurlement du loup Adressé à la meute qui l'abandonne.
Le voir étouffer dans sa torture Aubaine, voilà le but qu'elle mène Lui faire lâcher ses pans de vie Mais les rênes s'opposent Et toujours La plainte à plein poumon tient bon, Le cri crache, le cri force, le cri résiste Pendant que maîtresse des enfers Jouit du choix de sa proie.
Cri ineffaçable que la souffrance Poursuit l'homme à l'infini Et résonne sa voix dans l'espace Tout au long du cours de la vie. |