Après le cri, privé de son, Il hurle le silence, La dépouille rêve, Non, elle dort, Non, elle meurt dans sa peau blanche Paralysée, elle ne peut bouger.
Main dans la main À pas de loup, Cri et silence, frères jumeaux Semblent s'éloigner Du corps allongé, brûlé, éteint Juste pour s'abriter Dans le trou secret de la réalité.
Derrière les branches Ils assurent la garde Et tiennent en haleine Ce corps exuvie, Qui déjà mue, rejette sa peau Signe son départ imminent Sous le cri étouffé D'un silence hurlant. | Cri, quand disparaîtras-tu ? Silence, quand laisseras-tu le passage À l'espace, à l'air, au vent, À la lumière de l'homme, du poète, de l'artiste ? Quand, quand... Quand, jumeaux désespérés Qui tambourinez au fond de la glu Et martelez le mal Arrêterez-vous la douleur de Dieu Affligée du marquage au fer rouge Que vous ne pouvez arrêter ?
Hier, dernier cri, Aujourd'hui, transfiguré en silence Vous n'êtes qu'une lame À couper le souffle. Sans bruit de part en part, Vous transpercez la chair séchée du saint homme Qui face flanquée en avant Se tort sur le tapis graveleux À dérouler les pages du temps Où s'égraine l'épi de la vie.
Demain, ils débarrasseront le corps de sa croix Vierge Marie le recevra dans ses bras Et au travers du silence absolu Les jumeaux reprendront leurs cris sépulcraux Qu'on n'ose rompre Avant ta mise au tombeau. |