Titrer un film « Ma Russie » pourrait paraître prétentieux de la part de son auteur.
Bien loin de moi cette prétention de m’approprier cet immense pays-continent, son histoire à la fois dramatique et glorieuse, ses habitants si souvent attachants et parfois rébarbatifs.
Comme chacun a sa vision personnelle d’un lieu, d’une personne, ou simplement d’une histoire, j’ai pensé pouvoir exprimer ma propre vision et ma perception d’un pays qui pour moi évoque tant d’émotions et de souvenirs.
Au cours de la vingtaine de voyages que j’y ai effectués depuis 1986, traversant la période de Gorbatchev à Poutine, mes sentiments vis-à-vis de la Russie ont souvent été contradictoires, passant de l’amour au rejet à un rythme déconcertant, au gré de mes rencontres et de mes humeurs, non par inconstance, mais plutôt par frustration de ne pas toujours arriver à comprendre, à cerner la complexité de l’âme russe.

Ce film est le quatrième que je consacre à la terre de mes ancêtres, et (qui sait ?), le dernier.
Ainsi, je vous présente les aspects les plus beaux de la Russie ancienne, au travers de ses cités grandioses, de ses palais, des bulbes de ses églises et cathédrales, de ses fêtes populaires.
Mais également la Russie d’aujourd’hui, celles des gratte-ciel de verre et d’acier, des motards vêtus de cuir chevauchant leurs montures bruyantes, des chanteurs et des artistes que j’ai connus et aimés.
Enfin, je n’ai pas voulu occulter l’histoire tragique de la période révolutionnaire et la terreur qui s’ensuivit, celle qui provoqua l’élimination de dizaines de millions de Russes.
Un pays ne peut exister sans sa mémoire, fût-elle glorieuse ou tragique.
Entre enfer et paradis, l’espace est ténu. Il en est ainsi pour la Russie, capable du meilleur comme du pire.